jeudi 22 mars 2007

35. Vive le centre d'appels

mercredi 21 mars 2007

Qui eût dit qu'un étranger dans un centre d'appel peut faire votre journée?! Qui vous appelle à l'heure du souper, de surcroît?!
Ma journée a mal commencé et j'ai su vers 7h30 que j'étais sur une mauvaise veine. Une journée de merde, quoi.
Ici, l'espace est réduit. Pour réussir à mettre quelques pantalons dans le petit placard du petit coin qui me fait office de chambrelette, j'ai acheté des cintres au mécanisme assez ingénieux - faut le dire - qui comportent un petit crochet qui permet d'en accrocher un autre à côté, un peu plus bas. Ce dernier est lui aussi muni du fameux crochet, ce qui permet d'accrocher un autre pantalon un peu plus bas. Vous me voyez venir : il suffit de découper un trou dans le plancher et de creuser un tunnel pour accrocher des pantalons en cascade jusqu'en Australie à partir d'un seul cintre qui n'occupe que quelques centimètres sur la pôle principale.
Ben ce matin, j'en avais trois et ils se sont tous crissés à terre. Mauvais signe.
Je sors dehors. Ça fait une semaine qu'on nous annonce du plusse quinze mais il fait encore du moins vingt. J'arrive à l'auto, toujours celle d'une amie, Bérangère de son petit nom (l'auto, pas l'amie). Elle en a mare du frette, c'est bien évident. Plus d'odeur de parfum léger. Elle s'ennuie de son garage chauffé, tous ses joints le crient. J'arrive à la première intersection : plus de freins. Elle est écoeurée la Bérangère, pas-à-peu-près.
Pour finir ma journée au bureau, un appel de mon ex. Plutôt déprimant. Ceux qui vous racontent que ça va bien avec leur ex, ils se foutent de votre gueule. Ou alors ils disent n'importe quoi.
Je rentre à l'appart bien décidé à ne pas en ressortir avant demain matin. Sauf pour aller bouger Bérangère comme je fais à tous les soirs. Il y a bien du stationnement au bout de ma rue mais toutes les places sont prises par le club de curling du coin (ou le château des deux princesses, si vous préférez). J'attends donc que les ti-vieux aient fini leur dernière partie pour rapprocher l'auto. Heureusemement, ils se couchent pas tard.
À peine entré, ça cogne à la porte. Ça cogne jamais à la porte. C'est la première fois. C'est un petit bonhomme qui tient une tablette à pince. Il est nerveux. Il a peut-être peur de se pogner un doigt dans sa tablette à pince. Mais je suis nerveux moi aussi. D'abord ça va mal depuis ce matin; secundo, ça cogne jamais à ma porte.
Il me demande si je suis un client de Rogers. Oui, que je dis. Il me demande si j'ai l'internet. Oui, que je dis, suspicieux. Je me rassure : pour la première fois de ma vie, je n'ai pas trafiqué le câble. Il me demande si j'ai le câble. Oui, que je dis. Si j'ai un cellulaire. Oui, que je dis. Et là, il me dit que Rogers l'envoie pour me remercier d'être un si bon client. Il me remercie et il s'en va en me remerciant à nouveau. Je sais pas quoi dire alors je ne dis rien.
J'ouvre mon courriel. C'est une lettre de Rogers pour me remercier d'être un si bon client. Il semble que j'ai payé mes factures le mois dernier et que Rogers est bien content. La journée va mieux pour Rogers que pour moi.
Et là, vous me croirez pas. Mais bon, je vous le dis quand même.
Mon cellulaire sonne, tidelidi, tidelida. C'est une femme cette fois. Comme elle me contacte sur mon cellulaire de Rogers - vous me suivez - elle SAIT que je suis un client de Rogers. Alors, avant que j'aie le temps de lui dire quoi que ce soit, elle me remercie. Alors je pars d'un grand rire. Je lui raconte que je viens d'ouvrir un lettre de remerciement et que le petit bonhomme vient de cogner pour me remercier.
- Coudon, j'suis-tu votre seul client? La seule poire qui fait affaire avec Rogers?
La voilà à rire elle aussi sauf qu'elle ne peut plus s'arrêter et qu'elle a un rire communicatif (Rogers fait dans la communication après tout.) Plus elle rit-communicatif, plus je ris moi aussi.
Finalement, la journée ne s'est pas trop mal terminée. Merci, Rogers!

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