mercredi 29 décembre 2010

169. Festival de la connerie

Je suis sur la terrasse d'un café dans une petite ville de la Floride et j'ai la chance d'être tombé sur le festival de la connerie dans lequel se déroule présentement la compétition de parler-pour-rien-dire. Ce matin, c'est la catégorie hommes.
Juste devant, là, il y ce mec qui a commencé son spectacle par une altercation au cellulaire. Haut et fort, il engueule son interlocuteur et a l'entendre comme ça, on se doute bien qu'il vient de perdre l'empire romain et que quelqu'un va payer pour ça. La suite de la conversation se déroule avec sa compagne, poulette frémissante qui n'y comprendrait rien même si on lui injectait le savoir avec une seringue. Il lui explique en long et en large qu'il va faire déduire cette erreur du salaire de celui qui a fait les dommages. Il n'est pas certain qui c'est encore, mais il va trouver un coupable. Elle prend une gorgée de thé. Je pense qu'elle se sent un peu coupable : c'est dans sa nature. C'est pour ça qu'ils font un si beau couple.
L'autre, juste derrière, il est assis seul et cause avec une personne qui semble zélée car il se tue à lui dire qu'elle doit profiter de la journée pour se détendre, pour relaxer. Il lui décrit ensuite la température ici, et tout ce qui passe dans son champ de vision : un joggeur (oui, oui, torse nu - il fait assez beau pour ça), deux femmes en short (oui, oui, il fait assez beau pour ça) et le serveur en gilet à manches courtes (oui, oui, il fait assez beau pour ça). Un peu plus, je m'attends qu'il va me décrire à elle comme le gars devant lui qui essaie de lire mais qui se fait déranger par un ostie de cellulaire (oui, oui, il fait assez beau pour ça). Tout ça sert à lui expliquer qu'il fait beau ici. Il lui décrit ensuite la chambre qu'il a louée. C'est très beau, paraît-il. Il a deux lits doubles, selon la description qu'il en fait. Elle doit être impressionnée à l'autre bout, ça se peut pas. Il lui explique ensuite quoi manger pour déjeuner. Il lui recommande un yahourt; il parait que c'est bon pour la santé.
Si vous voulez mon avis, il parle à une invétérable ivrogne et il essaie de la garder au téléphone le plus longtemps possible pour éviter qu'elle plonge tête première dans le bar à 9h du matin.