samedi 9 janvier 2010

132. Surmonter sa peur

Me voilà prêt à faire face à mon démon. J'ai mis des lunettes fumées, un chandail à capuchon et un foulard qui remonte sur mon menton, question de camoufler ma barbe. J'entre dans la librairie, me dirige vers "le" rayon, tente de me donner des airs de connaisseur, un vieil habitué de cette section de la librairie.
Je feuillette quelques bouquins, des revues, et je le vois. Là, je ne peux plus jouer le jeu, dès que je l'aurai pris dans mes mains, pas de niaisage, je dois filer vers la caisse, payer sans jaser avec la caissière, sortir. L'accoutrement n'aura pas servi à rien, je serai méconnaissable et on y verra que du feu.
C'est que pendant les Fêtes, je me suis retrouvé dans un brunch où j'ai laissé aller le morceau, naïvement, sans penser que j'attirerais l'attention sur moi autant. Tout le monde causait, parlait de ses prouesses, détaillait tel ou tel réussite, étonnant la galerie à chaque fois.
Et moi, tout bonnement, de tenter de me joindre à la discussion : He he, c'est que moi, je ne sais pas cuisiner.
Il y eut un silence. Tous les convives se tournèrent vers moi à l'unisson. Quelques secondes qui me semblèrent une éternité.
Et la discussion reprit, un peu comme on fait quand on veut tenter de faire oublier quelque chose, un ennui passager qu'on camoufle.
Je n'ai plus placé un mot de la soirée, ayant compris qu'une espèce de mon genre n'avait pas sa place en société, à moins de se taire, bien entendu.
C'est donc avec un exemplaire de "Cuisiner pour les nuls" que je suis sorti de la librairie cet après-midi, bien décidé à m'y mettre.
Je suis rendu à la page deux. Je vous en donnerai des nouvelles.

lundi 4 janvier 2010

131. Paix sur terre vous avez dit?

Je pitonnais tout bêtement au Jour de l'An 2010 quand j'ai vu la scène aberrante de la Rose Parade aux Zétats. Comme grand invité d'honneur, espèce de Père Noël en fin de parade, on avait choisi Sullenberger, ce pilote qui avait réussi à faire atterrir son boeing sur l'Hudson, sauvant la vie de centaines de passagers, et la sienne, on s'entend là-dessus.
De chaque côté de l'auto qui le transportait, des joggeurs garde-du-corps qui guettaient dans la foule l'attentat toujours possible. Et moi de me demander : mais quissé qui voudrait tuer un vieux bonhomme qui a rien fait de mal à personne pis qui a sauvé des vies? Un fou, évidemment. C'est plein de fous, partout.
Des fois je me demande si la haine n'est pas un symptôme de la folie, un petit truc mental, une enfance de merde, des bibittes pas réglées.
J'aime pas tout le monde de la même façon, c'est clair. Mais j'en connais qui m'ont fait chier le tralala et je n'arrive quand même pas à haïr personne au point de leur vouloir du mal, ou même de la malchance. J'arrive pas à comprendre la haïne. C'est un concept qui me dépasse.
Quand une nouvelle année commence tout bonnement comme ça, on apprend vite la première naissance, six secondes plus tard cette année, c'est beau ça. Je sais pas pourquoi mais j'imagine les hopitaux qui tentent de retarder les naissances le plus possible, pour passer à'tivi. L'accoucheur qui pousse sur le bébé pour qu'il reste en-dedans et la mère qui s'en cibouère et qui pousse pour que ça sorte au plus sacrant! C'est beau quand même, le premier bébé de l'année.
Ensuite, ce sera le premier meurtre de l'année. Ça se peut-tu ben que quelque part, y'a un con qui trame quelque chose parce qu'il tripperait de commettre le premier meurtre de l'année?
Le problème avec la paix dans le monde, c'est qu'on est même pu capable de l'imaginer.
Alors je vous souhaite un ti-peu de paix, chez-vous, bien tranquille, une petite sainte crisse de paix bien à vous. Parce que dehors, c'est pas ben beau...