lundi 3 décembre 2007

56. Rouge ou bleu?

Bientôt un an que je suis arrivé ici. Je continue de découvrir cette nouvelle ville, pleine de contrastes.
Ce soir, c'est la tempête. Inhabituel à ce temps-ci de l'année qu'on me dit. Je suis descendu au Centre Rideau pour faire quelques achats pour célébrer comme-il-se-doit la naissance de Jésus à grand coup de cartes de crédit.
Le mauvais temps aidant, c'était la foule le long de la rue qui attendait les autobus. En avant, les autobus bleus en direction de la ville voisine, québécoise. En arrière, les rouges qui circulent dans la capitale et qui se dirigent vers l'Ouest de la ville.
Avec la neige qui tombait abondamment, le froid ambiant, les trottoirs étroits mal déneigés, une évidence m'est tombée dessus. Comme j'étais allé chez Chapters, j'ai dû me frayer un chemin parmi les Québécois qui attendaient les autobus bleus. Ils sont dehors, ils sont transis, ils ont froid, ils sont en criss que les autobus sont en retard. Un type accroche une ado avec son sac à dos et continue son chemin. (Le jeu de mot n'était pas voulu, je viens juste de le remarquer.) L'ado se retourne avec sa cigarette collée à la lèvre du bas, sans doute parce qu'il fait trop froid pour la tenir entre ses doigts : Ça se fait s'excuser, ostie d'môron, qu'elle lui dit. Moi, je n'accroche personne avec mon sac à dos, surtout pas une ado québécoise. Je continue mon chemin vers les autobus rouges. Les Ottawiens, les Kanatiens et les autres ontariens westerners, eux, sont bien couverts dans les abris d'OCTranspo. Tout le monde placotte gentiment et jette un coup d'oeil distrait à travers les murs vitrés des abris, question de voir quand leur autobus passera. Qu'il soit en retard ou non, c'est pas bien grave puisque l'air est bon dans l'abri. On s'attend quasiment qu'il y en a un qui va sortir son violon d'une minute à l'autre et que ça va virer au party.
La « 2 » arrive, je sors de l'abri et monte à bord après que tout le monde se soit fait des politesses.. non, non après vous, ben voyons. L'autobus rouge s'ébranle et passe devant l'attroupement de Québécois qui se cogne les pieds ensemble pour se les réchauffer dans la grosse neige qui leur a tous fait un chapeau blanc.
Je pense à deGaulle sur le balcon de l'hôtel de ville.