mardi 22 septembre 2009

124. Violence à l'épicerie

J'arrive de l'épicerie, où je n'étais pas allé depuis avant la guerre, c'est certain.
Les choses ont bien changé.
Je suis assez systématique dans mes emplettes, je commence dans la sections des fruits et légumes où je zigzague entre les présentoirs. Ensuite, je file vers les belles rangées droites et je les fais dans un certain ordre, un peu préoccupé de ne pas avoir à refaire la même allée deux fois. Si on termine au fond, on a pas le choix de rebrousser chemin pour se rendre aux caisses, et là j'ai l'impression de m'être fait avoir par le système capitaliste qui m'oblige à repasser deux fois au même endroit, question que j'achète plusse, manège dans lequel j'embarque comme une joueuse de bingo le lundi soir.
Devant ma trajectoire inébranlable, je me retrouve inévitablement à rencontrer les mêmes personnes qui font le même trajet mais à l'envers. Cette fois, c'est une dame d'origine pas-canadienne et qui froufroute des grands pans de robe et de foulards derrière son petit chariot. À ses côtés, fiston dans ses Nike avec un t-shirt Adidas et des jeans Wrangler.
À la première rangée, fiston (nous l'appellerons Oussama, le nom lui ira bien plus tard, vous verrez) se ramasse un épouvantail, décoration d'Halloween réduite à 50%, compte tenu que la célèbre fête est à nos portes, plus que 6 semaines, c'est le temps des rabais sur les boîtes de 48 sacs de crottes jaunes qui ne contiennent que 2 ou 3 crottes jaunes et qui font brailler les enfants le matin du 1er novembre.
À la deuxième rangée, l'allée pharmacie, il se ramasse une brosse à cheveux.
Et là, ensuite, rangée 3 à 8, il frappe l'épouvantail avec la brosse, parfois en le tenant par les cheveux, parfois en le lançant par terre et en se jetant dessus à grands coups de brosse.
Et l'autre froufroute comme si de rien n'était.
Aujourd'hui, la cour a décidé de cesser de talonner Harkat. Moi je dis qu'elle devrait se mettre sur les talons du mignon petit Oussama de l'épicerie.