jeudi 29 avril 2010

144. Voulez-tu une tite-bavette?

Voulez-tu une tite-bavette pour pas salir vot' beau linge? elle le demandait à tous les clients qui commandaient du spaghetti, plusieurs seuls à leur table, comme moi, avec l'idée de manger vite, sortir.
S'il arrive que la vie soit un tourbillon, je suis en plein cyclone. Et dans ces moments-là, je recherche ma bouffe-réconfort, traduction libre de comfort-food, qui dit bien ce qu'il veut dire.
Le hic, c'est que c'est une bouffe-réconfort assez difficile à trouver. Le pizza-ghetti, une combinaison - vous l'aurez deviné - de spaghetti et de pizza. Même l'endroit où je l'ai découvert est maintenant fermé, c'est à dire le snackbar italien de l'aire de restauration du Scotia Square à Halifax. Pendant une dizaine d'années, c'est ce que j'allais manger pour m'évader du ministère, mais aussi parce que c'était la chose la plus potable du centre commercial. Les spaghettis sont trop cuits, la sauce sort d'une canne, la pizza est décongelée du matin. Mais avec ben du sel, c'était devenu mon réconfort quand la vie me charriait.
Je le retrouve maintenant chez DaGiovanni, rue Ste-Catherine à Montréal, et probablement dans tous les autres restos du même nom, mais ce serait pas pareil sans les vieilles serveuses qui s'inquiètent si on finit pas notre assiette et qui vous traitent comme si vous étiez leur petit garçon.
Journée époustouflante à Montréal aujourd'hui. Soirée platte. Fait frette dehors. J'ai pas de manteau. Chu fatigué. La plomberie fait du vacarme à toutes les fois que quelqu'un flushe.
Heureusement qu'il y a la bouffe-réconfort pas trop loin.

dimanche 18 avril 2010

143. Petite leçon de vie pour vieux prétentieux

Ma naïveté n'a d'égal que mon sens du ridicule. En fin de semaine, j'ai été ce vieux corbeau qui se fait botter le cul par un jeune renard.

Du haut de mon cinquantenaire bien sonné
Je faisais grand état de la sagesse des ans
À une jeunette que j'espérais bien conseiller
Mais comme l'alexandrin, c'est pas mal fatigant
Mon histoire je vous conterai sans m'en soucier.

Nous parlions de tout et de rien, de choses et d'autres ainsi que de n'importe quoi quand le sujet tomba sur une personne que nous avions connue jadis.
- Je t'ai toujours dit qu'elle était cinglée, me dit-elle. Et j'avais raison.
- Ouin, c'est vrai, je m'étais trompé à son sujet et j'aurais dû t'écouter quand tu me l'as dit. Mais comment as-tu su? ajoutai-je.
- C'est bien simple, me répondit-elle.
Et j'ai appris, moi qui suis au mitan de ma vie, et même sur la pente descendante mettons, qu'il y a deux façons de percevoir les gens.
- Tu vois, me dit-elle, du haut de son jeune regard sur la vie et les hommes, quand je rencontre une nouvelle personne, je me dis qu'elle est timbrée et je lui donne ensuite la chance de me prouver le contraire. Cette personne, dont on parle, ne m'a jamais convaincue du contraire.

Ma gueule d'étonnement est tombée sur la table
Y laissant tomber du même coup mon fromage.

samedi 17 avril 2010

142. Bug dans le programme

Levée du corps à 6:15, en route vers l'aéroport à 6:30. Arrivée à l'aéroport à 7:00, envolée à 8:05, atterrissage à 9:05. De là, je vais directement chez le marchand de peinture, j'achète ce qu'il me faut pour les murs du sous-sol que j'ai brillamment préparés avant de partir, sablés, lavés et tout et tout. Vers 10:00, je m'y mets, le tout est fini vers midi, un peu d'épicerie, une marche avec le chien Gaston, une sieste.. Oh mais attendez, qu'est-ce que me dit l'agent au comptoir? Le vol est retardé? QUOI? 6 heures d'attente? Et mon sous-sol? que j'ai envie de lui dire. Et mon chien Gaston? T'en fais quoi? Il va rien comprendre lui de ce retard? Et ma petite vie toute planifiée avec la petite sieste essentielle du samedi après-midi? Pour un moment, je pense qu'elle blaque. Quand elle me remet un coupon de 8$ pour manger pendant les 6 heures d'attentes, je suis certain qu'il va me sortir un caméra cachée et que l'équipe de tournage va crier "Surprise". Elle ajoute, comme pour me ramener à la réalité : Votre coupon, si vous achetez pour moins que 8$, vous pouvez pas ravoir la monnaie. Là je lui demande de répéter, pour être certain qu'elle me réveille comme il faut.
Et là je me souviens tout à coup du temps où les tempêtes l'hiver annonçaient la fermeture des écoles, une journée de congé non-planifiée, comme une journée qui s'ajoute à votre vie et que vous-pouvez-en-faire-n'importe-quoi. Je pense que je vais pouvoir lire, écrire, j'ose même penser que je vais pouvoir rien-faire-du-tout, luxe suprême.
Je parie que mes murs de sous-sol seront encore là demain, aussi prêts demain qu'ils l'étaient aujourd'hui.

jeudi 8 avril 2010

142. Scandale

Hier soir, une petite fringale m’a fait descendre au bistro de l’hôtel où je logeais. Comme j’étais seul, je me suis assis au bar. Par la suite, des amis sont arrivés, une connaissance s’est jointe au groupe, j’y suis resté plus de trois heures, après avoir mangé, bien entendu, et je vous épargne le reste. Là n’est pas le sujet.

Pendant que j’étais assis au bar, après que les amis se soient joints à moi et que j’eus invité cette vieille connaissance à se joindre à nous, les trois écrans plats traitaient du sujet du jour. Tables rondes, panels d’experts, personnalités consultées et tout et tout.

Moi je suis bien d’accord pour qu’on traite des nouvelles dont on veut bien traiter, dans la mesure où ça intéresse son auditoire, même si ça ne m'intéresse pas particulièrement.

Cependant.

Quand je vois Bill Clinton, moi je le vois à quatre pattes devant la Monica effourchée sur le pupitre du bureau ovale. Je vois un cigare. Au rang des situations embarrassantes, disons que Bill détient, encore à ce jour dans mon esprit, la palme.

Et pourtant.

On paie des milliers de dollars pour écouter ce bozo dans des clubs très sélects. On achète ses livres. On l’interviewe.

Mais on fait des tables rondes pour savoir si Tiger Wood peut encore jouer au golf après avoir trompé sa femme. Oh le gros vilain.

lundi 5 avril 2010

141. Symboles

Ce symbole, >|< et son semblable <|> sont des jumeaux d'ascenseur qui ont été installés là avec pour unique but de faire passer la frustration des personnes qui montent dans la cage. Aucun ne fonctionne. Tout d'abord, ils sont à peine reconnaissables. Prenons l'exemple suivant : vous êtes monté dans l'ascenseur et vous apercevez quelqu'un qui s'en vient. Par gentillesse, vous voulez que les portes s'ouvrent à nouveau et vous vous penchez vers le panneau. Avant que votre esprit ait fait la distinction entre >|< et <|>, les portes sont refermées et la personne que vous aviez vue vous prend pour un trou de cul qui s'est empressé d'appuyer sur >|< pour que les portes se referment plus vite.
Si vous êtes pressé et que vous voulez que les portes se referment rapidement, comme par exemple si vous voyez quelqu'un venir et que vous ne voulez pas qu'il monte avec vous, avec un peu de chance vous appuierez sur >|< comme un enragé pour vous apercevoir que rien ne se passera. Les portes ne se refermeront pas plus vite et la personne que vous vouliez éviter montera à bord en se disant que vous avez essayé de refermer les portes pour qu'il n'y monte pas. Il pensera que vous êtes un trou de cul.
Ces pitons, c'est l'enfer que moi je vous dis. La morale, c'est qu'ils ne fonctionnent pas et ne servent à rien, si ce n'est qu'à chaque fois que vous tentez de vous en servir, vous passez pour un trou de cul.

140. Pas d'erreur sur la bagnole

La semaine dernière, quand j'ai dû apporter ma bagnole chez un spécialiste parce qu'on avait versé je-ne-sais-trop quelle cochonnerie dessus, le commerçant m'avait fait un commentaire que j'avais trouvé insignifiant : Ahh ces bandits, ils savant toujours quelle auto choisir. C'est vrai que la Tercel 1982 de mon voisin n'avait pas été vandalisée, mais quand même.
J'arrive d'une superbe fin de semaine à Montréal où c'était carrément l'été. On sait bien qu'à Montréal, rien n'est plus encombrant qu'un auto alors j'avais pris soin de me stationner sur une rue tranquille, après avoir décodé tous les messages secrets que la ville affiche pour déterminer si j'avais bien le droit de me garer pour deux jours à cet endroit. Malgré mes précautions, je m'attendais à un billet de stationnement comme ça m'arrive souvent. Au lieu d'un billet, mon auto avait reçu un coup de botte, ou je ne sais quoi, juste pour y faire un petit dommage pas bien grave, juste pour écœurer. Et le commentaire du commerçant m'est revenu : les bandits savent choisir.
La morale de cette histoire : pour vivre tranquille aujourd'hui, mets une couche à ton chien après la brunante et si ta bagnole se fait un peu remarquer, laisse-la dans ton garage.
...
C'est un peu chiant tout ça, mais ce qui est encore plus chiant, c'est que tout ça semble bien normal. Depuis qu'il m'est arrivé ces incidents - on s'entend que celui de Montréal n'est pas relié aux deux autres - j'en ai parlé à droite et à gauche pour réaliser que tout ça frise le normal. Tout le monde connaît un endroit « où il ne faut pas aller » et tout le monde sauf moi savait qu'à moins d'être propriétaire d'une Tercel 1982, on ne laisse pas sa bagnole coucher dehors.
J'en apprends des affaires moi là là...