samedi 25 avril 2009

115. Blond et heureux

Je suis présentement à un congrès de blonds aux yeux bleus. Étant moi-même blond aux yeux bleus depuis quelques années, le sujet m'intéressait mais le programme promettait d'examiner la chose sous les angles de l'adolescence, des différents genres de blonds, des différences entre le cheveu blond chez les hommes et les femmes, et plein d'autres trucs avec lesquels je suis moins familier. C'est pas parce qu'on est blond qu'on connaît toutes les teintes.
La plupart des présenta-teur-trice-s et des anima-teur-trice-s sont blond-e-s. Pour certain-taine-s, on s'en doute dès le début; d'autres l'avouent au cours de leur présentation. D'une façon ou d'une autre, personne n'est vraiment surpris. La majorité des gens dans la salle est blond de toute façon. Jusqu'à maintenant, la plupart des présentations portent sur les aspects négatifs d'être blond alors que moi je n'ai pas vraiment vécu mon état négativement. Je suis un dumb blonde, je m'assume, je suis bien dans ma blondeur. Tiens, déjà je viens de dire un mot tabou. Le gros mot qui commence par un "D".. Dumb, bien entendu. Plusieurs témoignages portaient justement sur la situation des écoles où des ados se font traiter de "dumb blonde" dans les corridors, certains qui subissent même de la violence physique. Quelques blonds aux yeux bleus se sont suicidés, on en connaît tous.
Je n'ai jamais caché que j'étais blond. Au cours la journée, je me suis d'ailleurs demandé depuis quand je le suis... Certains ont avoué le savoir depuis qu'ils sont aussi jeunes que quatre ans, en se regardant dans le miroir, souvent. Est-ce que je le savais? Est-ce que je m'en doutais? Le miroir ne me renvoyait pas cette image en tout cas. Je me souviens avoir été envieux de l'apparence de certains blonds dans mon adolescence mais j'y voyais là pure jalousie: j'aurais voulu être aussi blond alors que la nature ne m'avais pas fait ainsi et continue de me mettre au défi.
C'est beaucoup plus tard dans la vie que la blondeur est devenue une caractéristique identitaire pour moi. Sans doute que si je l'avais pas découvert, des congrès comme celui-ci me feraient réfléchir. D'ailleurs, je dois reconnaître que je me sens bien avec d'autres blonds aux yeux bleus.
Est-ce qu'on naît blond? Malgré le fait que je n'en étais pas conscient, je crois que oui. J'ai grandi dans un village où tout le monde semblait avoir le cheveu foncé. Je suppose qu'il y en avait qui se teignaient les cheveux en cachette comme partout. Mais je n'en étais pas conscient, sauf dans des cas extrêmes: un vieillard qui portait une perruque blonde dans son hangar pour faire le clown avec les enfants du coin et un autre qui rêvait ouvertement d'être albinos. Je ne m'identifiais ni à l'un, ni à l'autre.
J'ai quand même beaucoup de compassion pour tous ceux et celles qui souffrent ou qui ont souffert de leur différence. Je crois la comprendre même si je ne l'ai pas vécue.
Brun à nouveau, moi? Non, je le pense pas. Ça ne m'empêche pas de bien aimer les bruns et même quelques brunettes. J'ai des bons amis qui sont albinos.
Je suis blond et heureux. Très.

vendredi 24 avril 2009

114. Obèse et heureux

Je suis présentement à un congrès sur l'obésité. Étant moi-même obèse depuis quelques années, le sujet m'intéressait mais le programme promettait d'examiner la chose sous les angles de l'adolescence, des différents genres d'obésité, des différences entre l'obésité chez les hommes et les femmes, et plein d'autres trucs avec lesquels je suis moins familier. C'est pas parce qu'on est obèse qu'on connaît toutes les recettes de foie gras.
La plupart des présenta-teur-trice-s et des anima-teur-trice-s sont obèses. Pour certain-taine-s, on s'en doute dès le début; d'autres l'avouent au cours de leur présentation. D'une façon ou d'une autre, personne n'est vraiment surpris. La majorité des gens dans la salle est obèse de toute façon. Jusqu'à maintenant, la plupart des présentations portent sur les aspects négatifs de l'obésité alors que moi je n'ai pas vraiment vécu mon état négativement. Je suis gros, je m'assume, je suis bien dans mon enrobage. Tiens, déjà je viens de dire un mot tabou. Le gros mot qui commence par un "G".. Gros, bien entendu. Plusieurs témoignages portaient justement sur la situation des écoles où des ados se font traiter de "gros" dans les corridors, certains qui subissent même de la violence physique. Quelques gros se sont suicidés, on en connaît tous.
Je n'ai jamais caché que j'étais gros. Au cours la journée, je me suis d'ailleurs demandé depuis quand je le suis... Certains ont avoué le savoir depuis qu'ils sont aussi jeunes que quatre ans, en se regardant dans le miroir, souvent. Est-ce que je le savais? Est-ce que je m'en doutais? Le miroir ne me renvoyait pas cette image en tout cas. Je me souviens avoir été envieux de l'apparence de certains obèses dans mon adolescence mais j'y voyais là pure jalousie: j'aurais voulu moi aussi être si bien enrobé alors que la nature ne m'avais pas fait ainsi et continue de me mettre au défi.
C'est beaucoup plus tard dans la vie que l'obésité est devenue une caractéristique identitaire pour moi. Sans doute que si je l'avais pas découvert, des congrès comme celui-ci me feraient réfléchir. D'ailleurs, je dois reconnaître que je me sens bien avec d'autres gros.
Est-ce qu'on naît gros? Malgré le fait que je n'en étais pas conscient, je crois que oui. J'ai grandi dans un village où tout le monde semblait grignoter du céleri. Je suppose qu'il y en avait qui mangeait des éclairs au chocolat en cachette comme partout. Mais je n'en étais pas conscient, sauf dans des cas extrêmes: un vieillard qui se cachait dans son hangar pour se gaver de friandises avec les enfants du coin et un autre qui rêvait ouvertement d'être pâtissier. Je ne m'identifiais ni à l'un, ni à l'autre.
J'ai quand même beaucoup de compassion pour tous ceux et celles qui souffrent ou qui ont souffert de leur différence. Je crois la comprendre même si je ne l'ai pas vécue.
Maigre à nouveau, moi? Non, je le pense pas. Ça ne m'empêche pas de bien aimer les maigrichons et même quelques maigrichonnes. J'ai des bons amis qui sont squelettiques. Mais moi, avec le temps, je dois bien l'admettre: j'aime trop les desserts.
Je suis gros et heureux. Très. Avec tous les synonymes que le mot comporte.

lundi 13 avril 2009

113. Cimetière des temps modernes

Les choses étant ce qu'elles sont, on ne visite plus nos morts comme on le faisait dans le passé. Je passe bien saluer mon père dans mon village quand j'y vais mais disons que j'y vais pas souvent. S'il attend mes visites, il doit commencer à savoir comment c'est long une éternité.
Je pense bien que je traîne avec moi un ordinateur de poche depuis qu'ils existent. J'ai acheté le premier dans un Consumers Distributing, c'est vous dire comment ça fait longtemps que je me promène avec ça! J'ai eu trois ou quatre versions des Palm et maintenant j'ai un Blackberry. À chaque fois, je transfère les adresses de l'un à l'autre, tous compatibles par la magie de l'ordinateur. Bref, j'ai là-dedans quelques quatre cents noms, des plus récents à des oubliés sur qui je tombe de temps en temps en scrutant mon écran en me demandant qui ça peut bien être. Et un mort, sur qui je tombe aussi de temps en temps.
On fait quoi avec un mort dans son Blackberry? Je crois pas que le guide d'instruction traite de ça. À chaque fois que je passe sur son nom avec ma petite roulette, je m'y arrête, pense à lui, m'en ennuie un peu. La première fois, je me suis demandé si je devais tout simplement l'effacer. Maintenant, je ne me le demande plus car je sais que je ne vais pas le faire. Il va rester là, avec son numéro de téléphone, son adresse courriel. D'un bouton, je pourrais composer son numéro, tomber sur sa boîte vocale, pourquoi pas... Avoir ce dernier lunch qu'il a annulé et qui ne s'est jamais produit.
C'était avant Facebook. Maintenant, c'est pas juste mon Blackberry qui sert de mausolée. Ici et là sur la grande toile, des amitiés qui dansent, qui fêtent, qui rient aux éclats, et qui continueront de le faire pour toujours? Combien de temps pourra-t-on googler les disparus et les voir revenir à la vie d'un seul clic?
Quand on y pense, c'est quand même bien. Je crois.

lundi 6 avril 2009

112. Zing-a-ling

Je m'en étais douté un peu mais je n'avais pas imaginé le pire. Quand même.
Elle m'avait dit que tout ça se passait dans une cuisine, et j'avais eu une pensée négative que j'ai essayé de chasser le plus vite possible. Faut pas toujours penser au pire, que je me suis dit.
Je me suis donc rué sur mon ordinateur, j'ai fait un petit googling, et j'ai cliqué sur la vidéo. On peut aussi cliquer sur la bande sonore mais là on n'a pas la cuisine, et ça gâche tout. Enfin, ça gâche plusse.
Là je me sens pas gentil du tout parce que dans la vie, tout est question de goût. Et de toute évidence, si la chanson en question a remporté la palme, c'est qu'elle doit bien plaire à quelqu'un, quelque part.
C'est juste que moi, l'Acadie, la francophonie, j'aimerais qu'on lui donne une petite chance de tourner la page et de se pitcher dans le futur. Le présent serait déjà pas si mal mais je vise haut.
Ça commence dans une cuisine, ça je le savais déjà. Les Acadiens, on trame tout dans la cuisine. Dans la vidéo, ils sont osés pas mal car ils se rendent dans l'autre coin mais on perd jamais la cuisine de vue. Dès la première image, y'a un violon qui sort d'on ne sait trop où. Mais tout ce qu'on a besoin de savoir, c'est que les Acadiens, ils ont toujours un violon de caché quelque part dans le frigidaire ou dans l'armoire. Et ils te sortent ça n'importe quand, juste pour le trip. L'autre te sort une guitare de la boîte à pain pis le party est pogné. Tu sais jamais si Edith Butler ou la Sagouine va pas sortir de derrière le poêle. Tout y passe : le violon de ma Louisiane, l'autre qui se prend un cuillerée de fricot, le quai ensoleillé, les carillons de Grand-Pré. On n'est pas à un cliché près.
Est-ce que les Acadiens doivent aller à Lamèque comme d'autres vont à la Mecque?