dimanche 18 février 2007
Elle parle, elle parle à toute allure sans jamais s'arrêter. Ça pourrait être nerveux mais non, c'est pire : c'est naturel. Elle parle comme ça sans arrêt, babillage étourdissant, elle parle. Elle doit parler la bouche pleine en mangeant, causer à travers la porte des toilettes, être somnambule des babines.
J'apprends malgré moi qu'elle est née dans l'Ouest. Elle m'oblige à savoir qu'elle vit chez ses grands-parents à Halifax. Elle me force à apprendre qu'elle travaille à Ottawa quand elle n'a plus d'argent pour vivre chez eux. Elle me contraint à être informé qu'elle a un frère qui vit partout, il déménage tout le temps. Elle me raconte tout ça à moi qui veut juste lire, dormir, mettre les écouteurs.
Je ne demande rien, même pas si elle a des parents. Je me dis qu'à parler comme ça à toute vitesse, elle va bien finir par me dire où ses géniteurs se terrent. J'apprends tout du frère; je pourrais le dessiner si je savais dessiner. Je reconnaîtrais ses grands-parents dans n'importe quelle foule qui serait venue voir le pape mais rien au sujet de ceux qui ont mis au monde ce moulin à parole.
Je me fais mon petit scénario : les parents s'abreuvent de silence sur un îlot désert où ils ont même pris soin d'égorger les oiseaux; le frère, il se pousse à chaque fois que la loquace frangine s'approche; et les grands-parents lui sourient tout le temps en dodelinant du chapeau, sourds comme des potiches, l'appareil débranché depuis qu'elle est débarquée.
Elle parle, elle parle...
jeudi 22 mars 2007
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