samedi 28 mai 2011

180. Trente ans et cinquante livres

Blogue, je t'ai négligé. C'est que j'étais bien occupé. D'ailleurs, ce soir j'ai terminé le quatre-vingtième scénario (oui, tu as bien entendu) pour un projet qui me tient à coeur et je suis à nouveau tout à toi.
Il me reste à taper ça demain, mais ce n'est rien. J'ai tout écrit à la main, dans l'avion, sur une table de Tim Horton et dans le petit chalet où je suis pour la fin de semaine.
C'est un peu le retour aux sources pour moi. La fameuse péninsule où je suis né. Je suis ici pour affaires, mais c'était plus fort que moi. Je suis à cinq minutes où j'ai pu montrer mes cartes pour la première fois, confirmer que j'avais 19 ans, que je pouvais entrer au maudit Belair qui me refusais l'accès jusqu'alors. (Bien que j'avais réussi à m'y faufiler à quelques reprises avant l'âge légal.)
Sitôt les formalités finies, je décide de me rendre au Belair, juste pour un verre. Juste pour voir de quoi ça a l'air. D'abord tournée dans Tracadie à la recherche d'un guichet automatique. Pas évident du tout. Il me vient à l'esprit que merde ça fait longtemps que j'ai pas cherché un guichet automatique puisque d'habitude je trébuche dessus que je le veuille ou non.
Cent piasses en poches, je me diriges vers ce fameux Belair. Le stationnement est vide, c'est de mauvaise augure. Toutes les affiches sont pourtant là, l'entrée et tout et tout, la même d'ailleurs. Porte fermée. Affiche qui indique que c'est ouvert jusqu'à 2h, pourtant. Tant pis pour le Belair. Toutes les autos sont stationnées près du Jukebox, sans doute la raison pour laquelle le Belair fait de mauvaises affaires. Je suis un inconnu, qu'est-ce que j'en ai à foutre. J'entre au Jukebox. C'est bondé. Je paye mon cinq piasses. Je commande un drink. La serveuse semble trouver mon pourboire généreux.
Le Jukebox, c'est un petit club dans un strip mall. Trois bars, une vaste piste de danse. Je me retrouve à peu de choses près au poulailler de Losier Settlement où j'allais cruiser les filles après avoir fermé le centre récréatif où je travaillais. Sauf que tout le monde à trente ans de plus et une petite cinquantaine de livres de plus, toutes mal localisées. C'est la même gang, j'en suis convaincu. La preuve : après à peine dix minutes, je me fais cruiser par une Pallot de Rocheville.
Je regarde tout autour. C'est un peu ahurissant. Ça me fait sourire, mais je me sens bien. J'ai fait un maudit bout de chemin depuis la Péninsule. Et là je commets l'impensable : je saute sur la piste de danse. Je suis vivant.