samedi 15 août 2009

123. Quand ça tourne pas rond

Mes vacances s'achèvent et je n'ai pas l'habitude de blasphémer ou même de me plaindre en général de la vie. Mais trop c'est trop et je me permets de dire ma façon de penser ce matin sur quelques petites machinations que la vie apporte, pour le simple plaisir de vous faire chier.
Après quelques jours à l'extérieur de la ville, je suis rentré au bercail avec l'intention de :
- visiter quelques amis
- refaire ma cuisine
Je suis dans cette ostie de cuisine à marde depuis neuf jours et je n'ai vu personne. Et tout ça pourquoi? Vous voulez savoir?
Les cibouère de vis de penture. (cibouère devrait-il prendre la marque du pluriel? je m'en câlice).
Jusqu'à maintenant, j'ai rencontré - mettons - quatre ou cinq sortes de vis. Il y a classique avec la fente au milieu, tournevis plat. On la retrouve sur les plaques des prises de courant, les interrupteurs. Sur ces machins, elle collabore assez bien. Mais ailleurs, elle peut vous faire baver à en cracher votre luette.
Vient ensuite celle en croix. Celle-là, il y a a des dizaines de sortes au bas mot. La moitié de mon coffre à outil contient des tournevis en forme de croix pour toutes les éventualités. Les profondes, les larges, les minces, les plates. Name it tabarnac.
D'après les bites que j'ai dans ma trousse de tournevis (j'ai fini par acheter un kit de 104 morceaux, 1 tournevis et 103 bites), il y a beaucoup de sortes de vis.
La vis ultime, c'est celle qui est carrée et qui se visse avec une tournevis qui a lui aussi le bout carré. Il doit bien y en avoir 5 ou 6 grosseurs mais au moins, tabouère, une boutte de tournevis carré dans une vis avec une coche carrée, ça se visse, ça peut pas aller nulle part (encore que j'ai ai déjà strippé quelques-unes).
Là, j'ai refait mes armoires de cuisine. Changé la quincailleries, incluant les poignées et les osties de pentures à marde. Cinq trous pour chaque penture, deux ou trois pentures par porte. Vingt portes. Ça en fait de la sacrament de tite-vis (parce que des pentures, ça prend des vis minuscules que tu peux pas te mettre entre les doigts à moins d'avoir des doigts de ballerine ce que je n'ai pas et j'ai dû échapper au moins un quart des vis que j'ai essayé de visser, sont toutes derrière le frigidaire quelque part).
Combien de sortes de vis vous pensez? Trois sortes : celles qui s'attachent au cadre sont différentes de celles qui s'attachent à la porte et bien entendu, les poignées c'est toute une autre histoire.
Tout ça pour dire que si toutes les vis étaient carrées (aucune des vis de mes armoires est carrée), si toutes les pentures et les poignées avaient le même type de vis, ma cuisine serait terminée depuis longtemps.
Et je serais allé voir des amis pendant mes vacances.

jeudi 6 août 2009

122. Nouvelles considérations sur l'amitié

J'arrive du centreville où j'étais allé chercher un cadeau pour un ami sans catégorie définie, justement. J'avais également une lettre à poster et je l'aurais bien fait chez moi à ma « super-boîte » mais elle était là dans mon auto et je me suis dit, tiens, je vais la poster ici, maintenant.
Pour votre information, les boîtes aux lettres comme dans le bon vieux temps, ça n'existe plus. Pas entre Somerset et Sparks en tout cas. J'ai marché une dizaine de coins de rue avant d'en trouver une au coin de Sparks et Bank. Pour les touristes, sans doute.
Mais la n'est pas mon propos.
En attendant le passage pour piéton au coin d'une rue, j'étais derrière une femme qui parlait à son cellulaire. Au début, je n'y prêtais pas attention mais à un certain moment, elle s'est écrié :
- Baptême, t'es mon amie Georgette!
Je ne sais pas trop ce que l'autre lui a répondu, mais l'autre d'enchaîner :
- T'es mon amie pis si toi tu peux pas me dire si j'ai l'air toutoune dans cette robe-là, je me demande ben qui c'est qui pourrait me le dire.
- Y'a juste toi qui peux me dire si j'ai l'air toutoune.
- J'ai-tu l'air toutoune ou ben non?
Et je me suis dit que l'amitié, c'est sans doute ça aussi. Avoir quelqu'un qui peut te dire si t'as l'air toutoune ou non.

121. Considérations sur l'amitié

Je me questionne souvent sur l'amitié. Quand est-ce qu'une connaissance devient un ami? Il y a des connaissances qui resteront des connaissances. « Ah oui, je le connais. »
Définitions :
Une connaissance, c'est une personne qu'on connaît, mais même si on le voyait jamais, on s'en foutrait.
Une amitié, c'est aussi une personne qu'on connait, mais c'est une personne qu'on souhaite revoir.
Jusque là, tout va bien. Mais il y a une autre degré qu'il faut considérer. Car parmi les amitiés, il y a les amitiés de circonstance et les amitiés durables.
Définitions :
Une amitié de circonstance, c'est une personne que vous connaissez et que vous souhaitez revoir parce que les circonstances s'y prêtent.
Une amitié durable, c'est une personne que vous connaissez et que vous souhaitez revoir et que vous reverrez même si les circonstances ne s'y prêtent pas.
En d'autres mots, si l'amitié de circonstance déménage, vous ne la reverrez sans doute jamais. Une carte de Noël la première année, un courriel de temps en temps les premiers mois et puis pfffttt.. L'amitié durable vous fera faire des détours, des plans pour vous revoir, vous garderez contact malgré la distance, les obstacles, les conjoints jaloux et autres heurts de la vie.
Je suis en vacances et je suis en train de faire un petit bilan de tout ça. La plupart des amitiés sont assez faciles à classer, mais il m'en reste quelques unes avec lesquelles j'ai de la difficulté.
J'y travaille.

mardi 4 août 2009

120. Au seuil du néant

Dans sa tête, des portes claquent. Des tiroirs s'ouvrent. Le contenu s'échappe dans la mêlée. Tourbillonne et s'enflamme. Elle en attrape des bribes. Les lit avant qu'elles ne s'enflamment comme le reste. Poussière.
- Je pense que je vais pleurer moi là.
De violents coups de vents s'acharnent sur les quelques photos qui restent épinglées.
- Ne me faites pas mal.
Le tonnerre secoue les murs. Des éclairs l'épuisent.
- Quand est-ce que papa va arriver?
Autour d'elle on s'affaire. On veut qu'elle soit à l'aise. On lui parle fort dans l'espoir qu'elle entende. Elle entend. Elle entend des grondements furieux, une mer déchaînée.
- J'ai mal partout en dedans.
Une voix lui dit qu'elle a des enfants. Un fils. Une fille. Elle est une enfant. Elle est toute petite, elle est fragile.
- Ça pas d'allure à deux ans. Aidez-la quelqu'un.
Tout se met à tanguer à nouveau. Cette fois, c'est un bombardement. Une avalanche de venin qui perfore des parois déjà percées.
- Sortez-moi d'ici. Quand est-ce qu'il va venir me chercher?
Je reste seul avec elle. Je ne peux pas quitter la pièce comme ça. Pas comme ça. Ce sera sans doute mon dernier souvenir. Pas comme ça.
Je lui parle tout doucement. Je l'apprivoise. J'apprivoise celle qui nous a mis au monde, qui a fait de nous qui nous sommes. Petit être humain de rien du tout, tout recroquevillé, elle se sent en confiance avec cet étranger. L'instinct de survie lui dicte quand même de se protéger.
- T'es smart toi. Je l'ai toujours su. Tu prends des décisions pis c'est les bonnes. Ça va bien aller pour toi.
Puis elle ose.
- Prends le peigne pis peigne mes cheveux.
Je prends mes doigts, je les glisse dans ses cheveux en bataille. Ils sont doux. Je le lui dis. Je lui dis aussi de se laisser aller, de prendre du repos. Je lui dis qu'elle peut partir si elle en a envie. Elle se tourne péniblement, prend la position du fœtus.
- Je suis si contente.
Je lui dis de partir, de se reposer. Je profite de l'accalmie pour quitter la pièce. Je me retourne sur le seuil. La tempête est passée.
Je pense à moi, au souvenir que je viens de créer, égoïste. Je quitte.