Les plus fûtés auront compris qu'il s'agit de la chanson de Marie-Jo Thério. Et auront trouvé la ville en complétant le vers!
Petite ville où j'ai fait une partie de mes études, lieu de batailles linguistiques légendaires.. pour ne pas dire cochonnes!
J'atterris et l'inévitable se produit : on m'offre une classe supérieure de véhicule. Non seulement je me retrouve au volant d'un bagnole de pépére, mais je me rends compte que la technologie m'a dépassé. Je n'ai pas pu ajuster le rétroviseur à l'aide du système sophistiqué qui aurait dû s'en charger (j'ai baissé la fenêtre et je l'ai ajusté à la main, comme dans le bon vieux temps). De l'aéroport à l'hôtel, la radio satellite dont le seul bouton que je connaissais était le "scan" n'a fait que défiler des stand-up comics américains. À date, je n'ai pas compris comment lui faire cracher de la musique. Le toit ouvrant, je n'en parle même pas.
Je me suis ensuite rué sur le bon vieux Ed-Sub, une marque de commerce bien d'ici, qu'on ne retrouve pas ailleurs. J'ai eu un instant de panique en réalisant que le menu avait bien changé, mais j'ai finalement retrouvé le bon vieux Eds-steak-classique que je cherchais. Pour être bien certain, j'ai vérifié auprès de la serveuse s'il s'agissait bien de celui qui a des piments verts et des champignons. Elle m'a répondu han-han et souriant : easy on mayo? C'est ça que je lui ai dit, parce que le Eds-steak-classique, il se mange avec juste un peu de mayo, tout le monde sait ça. Rassurant. Je respire et j'en oublie presque la bagnole dehors dont j'espère réussir à ouvrir le coffre tout à l'heure sans déclencher le système d'alarme.
J'observe cette petite ville où la francophonie a pris toute la place après la fermeture de la gare de triage qui embauchait surtout des anglos. C'est grâce à un Sommet de la Francophonie que le centreville s'est fait faire un face-lift. En fait, c'est grâce à une compagnie d'assurance bien acadienne qu'il y existe un centreville! Et que dire de l'université... Cette ville ne serait rien sans la francophonie, et pourtant.
La serveuse du resto de l'hôtel où je loge est la même, même si l'hôtel a changé de proprio plusieurs fois. Elle affiche toujours la même nervosité empreinte de gentillesse, on dirait qu'on est chez elle et qu'elle veut qu'on soit heureux à tout prix. Quand elle vous demande si tout est à votre goût, elle s'en inquiête sincèrement, prête à vous couper votre omelette en petites bouchées pour vous faire plaisir. Je la vois qui butine d'une table à l'autre et qui accueille les nouveaux clients. Elle s'adresse à eux en anglais ou en français, selon qu'elle les connaît déjà ou qu'elle détecte - allez savoir comment - leur préférence linguistique. Dès que son sixième sens lui dicte quelle langue parler, elle l'enregistre, s'adresse à une table en français, se retourne et tout aussi aisément, switch à l'anglais pour la table voisine.
Quand elle prendra sa retraite, est-ce que la personne qui la remplacera aura ce don?
mercredi 1 septembre 2010
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