dimanche 29 mars 2009

110. Minuit ce soir

Ce serait un peu crétin de dire que ça ne change rien. Quand mon toit de maison a atteint l'âge vénérable de 25 ans, je savais qu'un jour je devrais y voir. Quand l'odomètre de mon auto a tourné les 100 000 km, j'ai eu un pincement au cœur, sachant très bien qu'elle venait de passer au rang de bagnole. Ce soir, dans mon lit vers minuit, quand mon propre compteur oscillera vers les 50 ans, je vais pas m'imaginer en train de faire des bulles dans la fontaine de Jouvence.
Je vous entends déjà :
- C'est juste un chiffre! (premièrement, c'est un nombre, pas un chiffre).
- On a l'âge de son cœur! (elle est bonne celle-là, ça s'adonne qu'on a le même âge).
Ben voyons donc...
Tout ce qui me réconforte, c'est que je voudrais pas avoir dix ans parce que je venais de me casser cinq dents d'en avant. Je voudrais pas avoir vingt ans parce que j'étais innocent sans bon sens. Je voudrais pas avoir trente ans parce que j'aurais pas mes deux grands enfants. Je voudrais pas avoir quarante ans parce que j'étais innocent sans bon sens et je me préparais à me casser d'autres dents pis j'avais pas mes grands enfants. Non vraiment, je suis plutôt content d'avoir bientôt mes cinquante ans.
Je vais me coucher.
Ce sera comme quand on remarque un yogourt qui a la date du jour. On ferme la porte du frigo en se demandant ce qu'on va faire avec le lendemain. On sait pas ce qui va se passer pendant la nuit.
Demain sera un autre jour.