dimanche 18 janvier 2009

99. Je te frotte et je t'astique

Elle est au bas de l'escalier roulant qui ne fait que descendre. Celui qui monte est à l'autre bout de l'édifice, assez vaste par ailleurs. Les enfants sont pas-du-monde, ils sont tannés d'attendre. Elle fulmine : « Mut-yan faire un moé un septième ciel, attend qui redescende pis y va se ramasser les deux pieds sur terre j't'en signe un papier. » Elle raconte ça à son bambin qui tire sur sa poussette, qui veut pas s'asseoir dedans, qu'à l'air fatigué comme un enfant fatigué.
Nous sommes au Salon de l'auto de Montréal que j'ai visité en fin de semaine. Son mari est resté bloqué dans la première salle de l'exposition, pompeusement qualifiée de « Septième Ciel » d'une part parce que c'est à l'étage supérieur, et d'autre part, parce que cette pièce recèle les plus belles autos, les plus chères, les plus sportives, bref celles qu'il ne lui a pas dit qu'ils examineraient parce qu'elle est venue là pour examiner plutôt les mini-fourgonnettes avec de la place en masse pour la carosse et le siège d'auto pour le petit.
Moi aussi je suis venu voir pour une bagnole qui pourrait éventuellement remplacer mon actuel véhicule et j'ai perdu un peu de temps au Septième ciel, mais coudon, c'est pas tous les jours qu'on voit ces bolides.
Il y a trois sortes de visiteurs au Salon de l'auto.
Je vous ai présenté le couple typique qui s'y trouve. Il l'a convaincu de venir pour examiner les fourgonnettes, elle a accepté à condition qu'on emmène les enfants, il lui a promis qu'on examinerait juste ce qu'on a les moyens d'acheter mais elle ne sait plus où il est rendu. Probablement en train de baver sur une Lamborgini deux places en s'imaginant cruiser par une belle journée d'été.
Quand ils sont ensemble, l'effet n'est pas moins désastreux. Au kiosque des Jeep, entre autres, je la vois qui examine la Cherokee, la Patriot ou la Liberty. Lui, il est dans la Wrangler en train de voir où il mettrait sa caisse de bière et sa canne à pêche pis comment ce serait commode un Jeep comme ça pour aller au « campe » les fins de semaines.
L'autre type de visiteur est un peu plus encombrant. Il a une quinzaine d'années, rêve d'avoir son permis de conduire et est prêt à conduire n'importe quoi. L'auto de son père, de sa grand-mère, il s'en fout. On le retrouve à tous les volants, ils sont habituellement quatre dans le véhicule que vous voulez examiner donc pas possible de le faire. Et ils restent dedans longtemps, assez longtemps pour s'imaginer en train de se promener dans leur petit bled pour impressionner les pitounes.
Et l'autre genre, c'est le gars comme moi qui a sa liste, qui veut voir les trois modèles qui l'intéresse, qui se met en ligne pour attendre que les maris en rût, les gouines écoénergitiques et les ados aux culottes pendantes libèrent le véhicule.
Les kiosques sont occupés par quelques employés qui frottent les poignées après qu'on y a touchées et qui astiquent les pare-chocs et par quelques jolies filles qui se sont blanchies les dents hier soir et qui sourient pour que ce soit bien clair que si t'achètes la bagnole, elle va te trouver pas mal intéressant. Je demande à l'une d'elle si le modèle qui m'intéresse est disponible en traction intégrale. Bien qu'elle continuait à sourire, elle est payée pour ça après tout, on dirait qu'elle souriait jaune un peu avec ses dents blanches. Elle savait pas trop quoi faire la mignonne alors elle s'est tournée vers les dépliants et a commencé à essayer de déchiffrer ça mais elle faisait un peu pitié alors je lui ai juste demander de me donner le dépliant et que je vérifierais moi-même.

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