Je n'avais pas besoin de montre du tout mais j'ai bien dû passer une dizaine de minutes à les examiner sans vraiment les voir.
J'étais sur le point de sortir de cette petite boutique où je n'avais rien trouvé d'intéressant quand je me suis laissé accroché par la conversation du caissier avec un copain (ou un client, qu'est-ce que j'en sais?).
Je suis pas du genre à écouter les conversations des autres bien que je commence à croire que je le suis car il me semble que j'en ramasse beaucoup. Je suis peut-être un écornifleux qui s'ignore, va donc savoir.
Toujours est-il que le caissier, c'est un jeune de 18 ans, du genre qui travaille dans les petites boutiques les fins de semaines. Il a les cheveux pognés dans la gomme, des trous partout au point qu'il est sans doute plus waterproof, porte des jeans de 200$ et un t-shirt beaucoup trop petit pour lui. Bref, un jeune tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
L'autre, je le vois juste de dos mais c'est sans importance. Il vient de lancer une vraie bombe et l'autre l'apostrophe. L'autre, il vient de faire son frais-chié (ça s'écris-tu comme ça?) et il a laissé tomber nonchalamment qu'il n'aime pas la musique française.
Mon jeune caissier perforé ne l'a pas trouvé drôle.
T'es con qu'il lui dit, t'es Québécois pis tout ce que tu trouves à faire, c'est chier sur la musique française, tu préfères des tounes américaines faites à la machine, la grosse criss de machine qui programme des chansons pour être certain que ça se vend, tous les sons analysés pour accrocher des petites oreilles habituées au commercial comme les tiennes, si tu prenais la peine de mettre de la musique française dans ton ipod américain, c'est pas parce qu'il est américain ton ipod que tu peux pas downloader de la musique française dedans t'sais, de la musique française, tu comprendrais que c'est intelligent, que c'est des sons faits par des gars qui trippent sur la musique, pas juste des cons qui ont étudié quel son qui va avec quel son pour faire plusse de cash, tu écouterais des mots intelligents au lieu des sons anglais qui sont juste là parce que ça vend plusse, la musique anglaise criss ça fait même pas de sens les mots, c'est juste des mots qui sont plogués là parce que le son vend plusse, pour faire du cash, rien que du cash avec des gars comme toi qui connaissent rien pis qui se font pogner dans la grosse machine...
Et ça continue comme ça pendant une bonne grosse dizaine de minutes pis moi je regarde les montres parce que j'en reviens pas. L'autre, il dit rien du tout et il est de dos mais j'aimerais lui voir la face comme vous savez pas comment.
Franchement, ça m'a fait du bien d'entendre ça.
J'ai quasiment acheté une montre.
dimanche 18 janvier 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
J'ai bien compris ton bonheur à la suite de cet épisode. Il y a deux ans, de passage à Sturgeon Falls (en route pour Québec ou Moncton ou quelque chose d'acelfeux), j'arrête au dépanneur sur la transcanadienne et - belle surprise - j'entends des ados franco-ontariens qui se placottent en français, et y'a pas d'adultes, pas de parents, par de profs autour qui sont en train de leur dire de le faire... Ça me fait toujours du bien, ç'a fait ma journée c'te jour-là e tout cas. Qui sait ce qui résultera des efforts francophones de notre génération? La prochaine en sera la preuve...
Je sais que côté musique, c'est compliqué, même moi une grande partie de mes souvenirs d'école française sont rattachés aux tounes anglaises de l'époque qui jouaient aux danses, aux sorties, etc. Ça fait un peu weird de l'affirmer... Mais chose certaine, il est très(trop) facile de se faire évider l'espace cérébro-musical francophone par la prépondérance de la pop américaine, et donc il faut consciemment agrémenter son mets musical francophone pour rester à la fois convaincu que ça existe et impressionné par sa diversité et créativité.
S'cuse, il fallait que je fasse ce commentaire éditorial... C'est une de mes passions!
Enregistrer un commentaire