Après une semaine de pinceaux et de rouleaux, j'ai décidé de me donner une petite pause à Montréal. Je suis donc parti de bon matin avec mes cahiers pour écrire, ma pelle dans le coffre parce qu'on sait jamais, et mes cheveux trop longs dans l'intention de les faire couper.
Quelques constats :
Un. Le gouvernement du Québec leur en a passé une bonne avec la réglementation sur les pneus d'hiver. C'est pas pour la sécurité du bon peuple que cette loi a été adoptée, c'est pour faire des coupures dans le déblayage des rues!
Deux. Il faut que quelqu'un m'explique l'humour des Pathétiques histoires des pays d'en haut. Pour ceux qui ne connaissant pas, c'est l'histoire du Petit Insignifiant qui pose des questions, la plupart du temps à son père, celui-ci lui répondant la partie du dialogue qui est censée être drôle. C'est diffusé à tous les temps-en-temps sur les ondes radiophoniques des stations Énergie, ça dure 30 secondes et je n'en ai pas encore pognée une qui m'a fait rire. Non seulement je ne les trouve pas drôle, mais je ne peux pas imaginer ce qui EST drôle. Bref, c'est un humour qui me dépasse. Mais si j'en parle, c'est que je trouve ça un peu inquiétant quand même. Ce qui m'inquiète, c'est qu'il y a peut-être quelqu'un, quelque part, qui trouve ça drôle.
Trois. Où d'autre que dans le Village gay peut-on entendre la phrase suivante, entendue à la table d'à-côté dans un petit café : « Je te laisse le toaster et la bouilloire si tu me laisses les perruches (ou les perruques, j'entendais pas très bien, mais ça revient au même).
Ce qui m'amène à vous parler du phénomène d'entendre tout ce qui se dit aux tables voisines dans les cafés ou les restos. (J'en ai peut-être déjà parlé quelque part dans ce blogue, je sais pas. Mais c'est mon blogue et je peux bien radoter si ça me chante.)
J'ai passé la majeure partie de ma vie dans un milieu anglophone. Quand je m'installais pour écrire dans un endroit public (j'ai écrit mes meilleurs textes dans le food court du Scotia Square), je n'entendais qu'un vague murmure de voix entremêlées où il n'y avait rien à comprendre, à écouter ou à entendre.
Quand je suis dans un milieu francophone, j'entends tout. Tout. Soit les francophones parlent plus fort (j'en connais qui parlent fort), ou alors c'est que mon sens de l'ouïe est sélectif et répond mieux au français. Ce qui m'amène à...
Quatre. Les Québécois (et les Québécoises dirait un bon politicien), surtout les femmes d'un certain âge, font un abus du « j'yai dit, ama dit, j'yai dit, ama dit » quand elles racontent une histoire. J'ai beaucoup de difficulté à me concentrer sur l'histoire parce que je n'entends que des « j'yai dit, ama dit, j'yai dit, ama dit ». Je vous donne un exemple :
- J'yai dit ben en tout cas t'as de la face que j'yai dit.
- Ama dit ben m'a t'en faire qu'ama dit.
- J'yai dit heille là.
- Ama dit, croirais-tu, ama dit, j'en r'viens pas qu'ama dit.
Avouez qu'on se perd un peu dans le déroulement de l'histoire après quelques instants.
Cinq. Comme c'est beau de voir la petite vie de quartier le matin à Montréal. Les gens sortent, beau temps mauvais temps, prendre leur petit-déjeuner. Ce matin-là, il y a un peu de verglas et les gens marchent à petits pas prudents mais sortent quand même. Malgré la grande ville, ils se connaissent tous et se racontent avidement, surtout au propriétaire du café, du dépanneur ou de la boutique où ils se trouvent. Tous, ils sont attachants. Comme un roman de Tremblay...
lundi 5 janvier 2009
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3 commentaires:
C'est tellement bon de lire! Ma journée commence bien!
Frisette
T`es comique mon verra! aha
C'est vrai qu'on retrouve peu la vie de petit village dans la ville, sauf dans les quartiers (centre-ville, plus vieux) où les gens font leurs emplettes au coin de rou où ils habitent... Moi, j'ai quitté la banlieue et je suis retourné en campagne, et en moins d'un an je me suis fait de nouveaux amis parmi mes voisins sur le même chemin. Si je dois un jour revivre en ville je crois que ce sera dans un endroit plus central, où on marche de préférence d'un endroit à l'autre, malgré les -50 degrés de l'hiver manitobain. De cette façon-là, il me semble que je pourrai rencontrer du monde, pas seulement les passer dans la rue sans jamais vraiment avoir de connexion avec les êtres humains de mon voisinage... Propos nostalgique, je sais, et pourtant non, parce que je revis cela aujourd'hui dans mon nouveau bled au bord du lac.
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