Hier soir, je suis allé souper avec une bande d'amis à un resto d'une ville que je connais bien pour y avoir vécu neuf mille jours. La bouffe du resto a toujours eu bonne réputation, mais mes souvenirs se situaient dans un vieil édifice mal foutu qui nous faisait douter de la propreté des lieux. L'âge de l'édifice ou la poussière des lourds rideaux de velours rouge y étaient sans doute pour quelque chose. La boîte est passée au feu et les nouveaux locaux sont neufs, bien aménagés et respirent la propreté. Un agréable souper, en bonne compagnie.
Au retour, une surprise nous attendait : la maison avait été décorée sur le thème du jour de l'An et l'événement prenait des allures de 31 décembre. Il faut dire qu'il s'agissait de notre première rencontre de l'année, donc pourquoi pas? Une des hôtes avait tout prévu. Le premier jeu consistait à déterminer qui baiserait ce soir-là et tous y sont allés de commentaires grivois, le vin aidant à délier les langues et les esprits. Le deuxième jeu consistait à sélectionner des promesses du Jour de l'An déjà toutes préparées, pleines de sous-entendus, évidemment.
Le troisième jeu consistait à faire un tour du groupe et de donner la parole à chacun et à chacune pour qu'il fasse un voeu qu'il espérait voir se réaliser au cours de l'année. Le rire gras aurait dû se prolonger et tout le monde aurait dû faire le souhait de baiser deux fois plutôt qu'une pour que le ton se maintienne.
Cependant, il en fut autrement. Le micro est allé à une première personne qui a souhaité la santé à ses proches alors que tout le monde savait fort bien qu'il y avait de ces proches qui avaient besoins de voeux et de prières à tous les saints du ciel. Il y eu des petites hochement de têtes approbateurs, des sourires de sympathie discrets. Les autres convives ont enchaîné avec des boniments respecteux et certains ont tenté de jouer la note de l'humour à nouveau, sans grand succès.
Je voyais mon tour venir. Je cherchais ce que je pourrais trouver d'intelligent à dire qui tomberait juste au beau milieu, entre le voeu sincère et le voeu loufoque qui cacherait le sérieux que j'accordais à la chose.
Car j'étais devenu obsédé avec l'idée de faire un voeu à-propos, comme si le fait de le dire tout haut, là, devant une bande d'amis assurerait qu'il se réaliserait. (Je vous rappelle que j'avais bu pas mal, au cas où vous l'auriez oublié...) Ma vie défilait sous mes yeux, je voulais y voir un aboutissement, cette année, avant la fin de 2011. Je voulais tout à coup que ce voeu m'amène la vérité, la certitude d'être heureux, la garantie de finalement trouver ma place, ma niche, et de connaître un sentiment de bien-être personnel et d'accomplissement. Tout ça avant la fin de l'année, rien de moins.
Le micro passait, je voyais mon tour venir. Plus le temps passait, plus je réalisais que je ne pouvais pas vraiment faire le voeu que je souhaitais vraiment. Que de partager mon désir d'un petit bonheur paisible et d'un peu de calme dans cette vie qu'il m'arrive de trouver un peu trop trépidante à mon goût n'était pas la chose à faire.
Finalement, j'ai sorti une banalité, quelque chose au sujet de la lecture ou de l'écriture, je ne m'en souviens pas vraiment.
J'ai eu droit à un awwww d'approbation. Mon tour était passé.
mardi 18 janvier 2011
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