Action de Grâces. Je sais pas trop quoi faire de cette journée qui me semble venue tout droit d'une bizarrerie américaine. Alors je prends le congé avec joie, et je ne fous rien. Pas d'action. Ni ne grâces, ni d'autre chose.
Je suis sur la table d'une cuisine étrangère dans une maison qui m'est peu familière et que je découvre peu à peu, comme son quartier d'ailleurs.
J'ai offert à une parente de venir s'installer chez moi en attendant que les rénovations de sa maison soient terminées. Ils sont quatre, avec un chien et un chat. J'ai déménagé, c'est mieux comme ça. Je ne regrette pas d'avoir lancée l'invitation qui fut accueillie comme une bouée de sauvetage. La preuve : si c'était à refaire, je ferais la même chose.
Je me suis installé chez mon copain. J'essaie de ne pas être trop envahissant, mais je le suis quand même. C'est pas très grand ici, mais on s'entend bien. Un mariage forcé, mais on sait que c'est pas pour la vie.
La maison est ancienne, dans un petit quartier qui a déjà été très français. La maison en témoigne. La cuisine surtout.
Ce matin, on prend un café tout tranquillement. C'est calme. On se demande ce qu'il y a d'ouvert aujourd'hui. Je me dis qu'il doit y avoir quelques dépanneurs ici et là. Je vous raconte ça parce que c'est le fil qui m'a fait penser à la cuisine de mon enfance, où ma mère s'affairait entre les interruptions du magasin adjacent. Aujourd'hui, on appellerait ça un dépanneur. À l'époque, c'était l'épicerie de plusieurs personnes, surtout les voisins évidemment. Et il était ouvert très tôt, jusque très tard. En fait, il n'était pas rare qu'il fermait et qu'on l'ouvrait pour quelqu'un en besoin de médicaments, de cigarettes, ou de pain ou de lait.
Des matins comme celui-ci, mes parents n'en avaient pas beaucoup. Le magasin en question était dans la maison. Au début, il n'y avait qu'une seule porte communicante, dans le salon. Plus tard, ma mère a insisté pour qu'il y en ait une autre, donnant sur la cuisine cette fois : "Au moins, je pourrai surveiler mes patates." avait été son argument.
Quand il n'y avait pas de clients, elle retournait dans sa cuisine. Quand quelqu'un entrait dans le magasin, il y avait une cloche qui se faisait entendre dans la maison. On l'appellait la cloche, mais c'était un gros bourdonnement. Quand ma mère brûlait le repas, elle l'appellait la maudite cloche à vache, ou la cloche à marde, selon l'humeur du moment. Néanmoins, c'était un bourdonnement, déclenché par le contact de deux fils électriques, l'un sur le cadre supérieur de la porte, l'autre sur la porte. Quand la porte s'ouvrait, le contact se faisait et déclenchait le bourdonnement. Il arrivait qu'un client ne referme pas la porte complètement derrière lui et que les parties du circuit restent en contact. Le bourdonnement devenait alors incessant. Si on était en train d'écouter une émission de télévision, on tentait de crier à la personne qui était dans le magasin de fermer la porte. Mais souvent ça ne marchait pas et il fallait se lever pour aller fermer la porte soi-même. Ou pour monter le volume de la la télévision au maximum, juste pour faire un point.
Mais ce matin, tout ce qui me préoccupe, c'est de savoir si mes parents ont eu le temps de s'assoeir le matin pour prendre le déjeuner en parlant de tout et de rien.
lundi 11 octobre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire