dimanche 17 octobre 2010

164. La communication interculturelle

Le titre de l'atelier était accrocheur, j'ai besoin de ce genre d'informations pour un projet, je m'y suis inscrit. Ce qu'il y a de beau avec les ateliers, c'est qu'on peut pas en sortir plus cruche qu'on l'était avant.
Première activité.
Fermez vos yeux, qu'elle dit, l'experte en communication interculturelle. Visualisez un Britannique. La plupart ont vu un petit monsieur pincé avec chapeau melon et parapluie. Moi j'ai vu Mr. Bean, mais enfin.
Maintenant, visualisez un Italien. Tout le monde a vu un grand noir avec une chemise blanche serrée avec le col ouvert qui laisse entrevoir ben ben ben du poil. Moi j'ai vu autre chose, mais j'ai mes raisons.
On continue. Visualisez une Québécoise. Là tout le monde voit une petite femme mince habillée dernière mode. Je vois la même chose que tout le monde. J'entends quelqu'un en arrière qui dit bitch. Je crois qu'elle en veut aux petites femmes minces bien habillées.
Ensuite elle nous demande de visualiser une Acadienne. Tout le monde, sauf moi, VOIT un accent. Oui, oui, ils voient un accent. Alors moi j'imagine une Acadienne qui entre dans la pièce et tout le monde VOIT son accent qui lui pend au coin de la bouche.
Bon, les commentaires sur l'accent acadien, je les classe vite parmi l'ignorance crasse et je passe à autre chose. Défilent une Allemande, un Autochtone et une Jamaicaine. Toutes visuellement bien nanties qui n'ont pas besoin d'aller au fond de leur histoire pour se faire voir.
Et là, l'experte en communication interculturelle en rajoute. Elle nous partage en toute intimité qu'elle vient du Québec et qu'elle a passé 25 ans au Nouveau-Brunswick, donc toute sa carrière à mon avis. Et sa grande fierté, c'est d'avoir l'an dernier, enfin, avec beaucoup d'effort, pu comprendre une conférence entière d'Antonine Maillet. Quelle éclosion touchante! J'en avais la mâchoire serrée d'émotions.
Ces commentaires, je commence à m'habituer à les entendre depuis que j'ai osé sortir de mon terroir. Je ne savais pas que j'étais une minorité visible (!) et je l'ai appris de la bouche même d'une experte en communication interculturelle. Je pense que je n'y aurais pas accordé grande importance si elle n'avait pas, justement, eu la prétention de s'y connaître dans le domaine.
Pas besoin de vous dire que je n'ai pas pris de notes sur les conseils qu'elle avait à nous donner. Je trouverai autre chose.
(à suivre)

1 commentaire:

Phyllis Dalley a dit…

Bon, je ne sais pas ce que je préfère, être une miorité invisible dont on oublie souvent l'existance, ou une minorité visible avec tout ce que cela comporte de difficile à vivre. Cette dame doit se dire que les Acadiens sont fermés, qu'ils ne savent pas accueillir les autres. Tu ouvrirais ta porte toi à quelqu'un qui te juge en raison de ton accent, que ce soit parce que tu parles mal ou parce que ça fait cute? Si 'acadien' était une race, je dirais que c'est raciste!