dimanche 9 novembre 2008

82. Un passé plus que présent

Comment dire?.. Ben j'ai l'impression d'avoir passé à travers un Bescherelles des temps composés et décomposés, moins que parfaits, plus qu'antérieurs, enfin vous voyez le genre.
D'abord le souper de famille qui s'est très bien soupé-de-famillé en soi. C'était la fête d'Obama a la télé alors on a perdu des joueurs de temps en temps mais c'est ok. J'étais bien prêt à partager la fébrilité de mon retour aux sources avec le dieu qui sauvera la planète.
Ensuite, la mère, coincée dans les fils d'araignée alzeimeriens. La frangins-frangines m'avaient prévenu qu'elle n'était pas très à jour en politique internationale, tout inquiets qu'ils étaient que je n'aie une mauvaise réaction à l'idée qu'elle ne me reconnaisse pas. Mais moi, vraiment vraiment là, je n'en fais pas un plat parce que c'est la maladie. Et cette maladie, ça ne semble pas la faire souffrir car elle rigole toujours comme avant la mère et moi j'aime bien ça la voir rigoler pour des riens. J'ai pris des photos avec elle et ce sont de beaux souvenirs parce qu'elle s'est toujours marrée comme une jouvencelle asiatique en prenant des photos et elle se marre encore beaucoup. Et moi je me bidonnais aussi alors les photos sont plutôt réussies.
Oh, un petit détail. Je me suis laissé poussé quelques poils au menton depuis la dernière fois que je l'avais vue. Alors je savais que je n'avais pas augmenté mes chances de figurer à son répertoire restreint de connaissances, mêmes vagues. Or, parmi toutes les raisons qu'elle m'a donné de croire qu'elle n'avait pas la moindre idée de qui j'étais (la palme va à - « Pis, comment va ta mère? »), v'là-t'y pas qu'elle me touche le duvet facial de sa belle main - ma mère a de très belles mains, tout le monde le dit - et que dans un éclairci du brouillard crânien, elle plisse les yeux : « T'en avais pas de barbe avant, hein? »
Curieux que je reste de marbre devant tout ce dont elle ne se souvient pas mais qu'elle m'émeut avec ce vague restant de mémoirette confuse.
Je ne sais pas si c'est ce qui a donné le ton mais j'ai ensuite passé le reste de ma fin de semaine avec une amie d'enfance, perdue et retrouvée souvent. Et on n'a fait que se rappeler des souvenirs d'enfance, peut-être pour être certain qu'on s'en souvient, mais tout ça sur un fond de tentative de comprendre pourquoi on semble elle et moi moins affectés par les valeurs chrétiennes que bien d'autres. On a conclu que c'était en 8e année, quand le dimanche la messe avait été annulée et que le lundi matin, on avait une suppléante. C'est que le curé Haché, il était parti avec la soeur Doucette. Quand il est parti, il avait oublié d'avertir l'évêque alors il y avait pas eu de messe. Toute la paroisse elle était là mais personne le savait qu'il y avait plus de curé. Mais la soeur Doucette, elle avait dû mieux se préparer parce que la directrice, elle avait eu le temps de trouver une suppléante pour le lundi matin.
Alors mon amie et moi, on pense que cette fin de semaine-là, nos valeurs ont peut-être été bousculées un peu.
Du coup, on a ouvert une autre bouteille de vin.

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