Au bureau hier, c'était une atmosphère de fête. Il faisait dans le 30C dehors mais on se serait cru la veille de Nouel. C'est que le bureau ferme pour une semaine et on était un petit groupe qui veillait au grain avant le grand départ. Tout le monde se faisait des hugs, on a pris le café ensemble, on parle de nos projets. On se serait fait un échange de cadeaux, c'est comme rien.
Bon c'est pas que je cherche des excuses mais d'habitude je suis crevé le vendredi soir. Sauf qu'hier soir, j'étais crevé mais c'était aussi le début de mes vacances!!! Et pas question d'aller sagement me coucher.
Alors je suis sorti dans un petit bar gay de la ville. La musique est bonne, tout le monde est de bonne humeur, pour ne pas dire gai, quand tout à coup la musique s'arrête. De l'escalier descend la plantureuse Dixie-quelque-chose, la drag-queen de l'endroit, la maîtresse des lieux. Elle est grande, c'est-à-dire que c'est peut-être pas un grand homme, mais quand elle se perche sur des talons aiguilles de six pouces, elle est grande, on s'entend. Six pouces de talons, 4 pouces de perruque, ça vous grandit un homme. Enfin, vous voyez ce que je veux dire.
Les quelques groupuscules qui sont dans la salle arrêtent de respirer. Certains ont déjà un gros sourire con dans la face, prêts à rire à la première niaiserie qui va sortir de la bouche de la déesse. Sa première blague, elle demande à la foule s'ils on remarqué qu'elle s'était fait refaire les seins. Éclat général. Je la pogne pas, évidemment.
À gauche, un groupe de croûtons. On voit rien qu'à les voir qu'ils passent beaucoup de temps à soigner cette vieille peau qui ne fait que ce qu'elle a à faire : vieillir malgré le refus du proprio. Les cheveux crient la teinture que je les soupçonne de se faire entre eux avant de sortir le vendredi soir. Mais ils sont bien entre eux, reluquent les plus jeunes, partent de grands éclats de rire pour bien montrer qu'ils ont du fun. Et sans doute en ont-ils, qu'est-ce que j'en sais.
Au centre, le groupe le plus intéressant. Les lesbiennes.
Mise au point : Je n'ai jamais très bien compris ce qu'une bande d'homosexuels trouvent d'intéressant à regarder un travesti - une très belle femme, soit dit en passant - se trémousser sur un estrade. Les lesbiennes, à la limite, je comprends, mais pas vraiment puisqu'elle savent toutes qu'il y un engin de malheur qui se cache quelque part là-dessous.
Dans le groupe, il y a les stéréotypes, bien entendu. Pas besoin d'en faire grand état. Il y a les plus jeunes, sans doute quelques LUG (Lesbians Until Graduation, un nouveau mot que j'ai appris cette semaine et que je voulais utiliser), et trois d'entre elles qui m'intéressent particulièrement. Elles sont toutes assez masculines mais habillées de façon très féminine. Et pas très à l'aise dans cet accoutrement. En tout cas beaucoup moins que Dixie-machin, qui marche sur ses échasses comme bien peu de femmes pourraient le faire.
Je tente dans ma tête de situer tout ça. Trois lesbiennes au comportement plutôt masculin, qui décident de s'habiller en greluches pour la soirée. De jouer à la femme fatale. Mais elles sont des femmes au départ? Pour arroser le tout, elle sont à un spectacle où un homme donne un spectacle et leur projette l'image de la femme qu'elle ne seront jamais. Tout à coup, ma propre sexualité devient tellement simple que j'en ai presqu'un complexe.
Et là, Dixie-chose annonce une primeur : pour la première fois, Lulu-patente va offrir un spectacle. Elle l'annonce en grande pompe, mesdames et messieurs (je regarde autour de la salle et je me demande bien à qui elle s'adresse!), attention, la voici, la voila, LULU! Lulu est un jeune éphèbe tout juste sorti de l'école secondaire. Hier, il jouait au soccer avec ses potes. Je trouve ça un peu tristounet. Faudrait qu'on me confirme que tout ce monde-là est heureux et je vais comprendre. D'ici là, je pense que naître dans le bon corps, c'est quand même bien.
Et c'est les vacances. Je me mets au ménage : j'attends de la grande visite!
samedi 31 juillet 2010
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