Entendons-nous tout de suite que je ne saute jamais de joie hors du lit (sauter de joie, sauter hors du lit, vous voyez l'idée) quand mon chien m'ordonne de le sortir le matin en grattant furieusement contre la porte du salon que j'ai peinturé l'automne dernier.
Cependant, je dois bien reconnaître qu'une fois vaguement habillé, approximativement dehors et quelque peu orienté sur le sentier qui passe derrière chez moi, il m'arrive assez souvent de penser que s'il n'était de ce sale cabot, je passerais à côté de quelque chose.
Derrière chez-moi, il y a un sentier. Le long du sentier, une crique, genre de ruisseau qui se gonfle au printemps et qui disparaît sous les hautes herbes en été. Si on n'y prête pas attention, on pourrait penser que c'est un déversement d'égout, mais non. Il a son propre petit courant, même une petite rigole à un certain dénivellement - accentué l'été dernier par un téléviseur dont une personne anti-environnementale s'était délestée en supposant que la crique était une crevasse sans fond - et une vie végétale et animale propre à ce type de cours d'eau.
L'hiver dernier, comme ça en sortant mon chien le matin, ronchonnant sans trop savoir pourquoi, j'ai vu le ruisseau se cristalliser dans ses premières phases de gel. J'ai vu une maman cane sortir des foins avec sa nichée qui la suivait comme des bambins de garderie reliés à une corde, j'ai vu un téléviseur s'enliser.. bon, enfin.
Hier matin.. Non, commençons avec vendredi soir. Je buvais du café comme un condamné dont ç'aurait été le dernier vœux, question de rester réveillé pour travailler à un projet que j'ai entrepris. Comme je bois rarement du café après midi, l'effet a dépassé de loin mes attentes et j'ai pu me consacrer à mes activités jusqu'à 4h du matin, et même là, je m'endormais pas tellement, imaginez. À 7h15, comme un vaillant réveil-matin qu'il est, mon chien a entrepris un sablage en règle de ma porte de salon, m'avertissant ainsi que j'avais tout intérêt à me lever si je voulais pas qu'il la décape complètement.
Je ne me souviens pas du laps de temps qui s'est écoulé entre le moment où je me suis carrément propulsé hors du lit et le moment où je me suis retrouvé sur le sentier, à la remorque de mon chien de 15 livres qui tirait sa charge alourdie par le sommeil.
Pourtant, ce matin-là, j'ai pu assister au retour des canards sauvages. Ils arrivaient en petits groupes, se déposant sur la crique dans de grands éclaboussements. Il faut croire que le voyage met de la mine dans le crayon, car on voyait tout aussitôt les femelles s'envoler rapidement, poursuivies par des mâles dont les intentions étaient à peine cachées, sinon par quelques plumes.
Tout à coup, sur le sentier, j'ai vu un mâle se dandiner derrière un lapin, probablement une lapine, mais à ce point-ci, qu'est-ce que ça changerait hein? Le lapin faisait quelques sautillements, le canard réagissait aussitôt par quelques dandinements. Le lapin de sautiller encore, regardant derrière l'air inquiet, l'air de dire « Ben voyons donc.. », ou peut-être « What the fuck..?! » s'il était anglais. Le canard de s'avancer encore, intéressé comme tout à faire plus amples connaissance.
C'est donc ben beau la nature...
dimanche 14 mars 2010
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1 commentaire:
Sont ben bizarres les canards à Ottawa! En passant, je viens de découvrir le mystère derrière le mot Siape. 2e éclat de rire...
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