Je ne sais pas trop ce qui m’a pris mais me revoici chez les voisins du Sud, cette fois-ci incognito, bien décidé à trouver quelque part un coin de ce gros pays bien dodu qui n’a pas été construit l’an dernier. Au mieux, je trouverai bien un patelin tranquille qui n’ait pas (encore) été ravagé par des promoteurs éleveurs de vaches grasses. Je trouverai une terrasse de café qui n’est pas un Starbucks en tout point identique à celui du Centre Rideau et je m’y assoirai avec le roman que je viens d'acheter et qui sent le papier neuf. Je cherche de l’authentique à la Pagnol et l’optimisme ne me faisant jamais faux bond, je vais trouver.
Bon. L’aéroport de Tampa aurait pu être de mauvais augure. Je l’ai quitté sur une autoroute en construction dont seule la voie allant vers l’Ouest était à peu près terminée. La voie inverse, celle que théoriquement je prendrais pour le retour, n’était que poutres et traverses. Qu’à cela ne tienne, je suis là pour un gros quatre jours alors ils devraient avoir terminé tout ça, moyennant quelques heures supplémentaires à des Mexicains illégaux pendant le President’s Day, durent-ils en couler quelques-un dans le béton pour boucher les trous.
La carte routière de l’agence de location n’indique que trois ou quatre routes et sortir de là semble tenir du jeu d’enfant. Devant moi, ça ressemble à un gros foulard gossé au tricotin où chaque laine passe sous l’une et par-dessus la suivante. Le périphérique sur lequel je roule fait des bonds à travers tout ça pour sauter sur la tête de quelques milliers de Tampaneurs avant d’enjamber une flaque d’eau artificielle qu’on a sans doute mis là pour avoir une raison de construire un pont.
Il fait beau, le soleil est de plomb et j’ai déjà toute la misère du monde à m’imaginer en train de gratter mon pare-brise. Ce que j’ai pourtant fait quelques heures plus tôt avec les narines qui me restaient collées dans le frimas du matin. Je vois une affiche qui indique Gulf Beaches et sans même y penser, je traverse trois ou quatre voies pour enfiler cette bretelle qui devrait me mener directement sur le sable, rien de moins. (Plus tard, je réaliserai que toutes les foutues sorties indiquent Gulf Beaches et je ne m'énerverai plus autant.)
On est samedi alors j’aurais dû songer que ne serais pas le seul à rechercher la mer. À la queue-leu-leu, pare-choc à pare-choc, lentement, une heure et des poussières plus tard, trois stationnement complets visités, dont l’un deux fois juste au cas, me voilà stationné sous un palmier en train de déchiffrer les codes secrets qui me permettront d’acheter une passe spéciale de stationnement. Contrairement à ce que j’avais imaginé, la plage est loin d’être bondée. Faut dire qu’elle s’étend sur des kilomètres alors quand même. Je songe un instant à toutes ces autos mais je me dis tout de suite que les Américains doivent avoir l’habitude d’apporter un véhicule de rechange. Deux bagnoles pour un baigneur me semble la seule explication possible.
Y’a des transats partout, plusieurs sont libres alors je m’étend. Y’a les vagues et ça tombe bien, j’aime les vagues. Comme j’ai pas dormi beaucoup, je pique du nez rapidement, c’est voulu. Je suis réveillé au son d’un gamin à peine plus haut que son seau de plage qui se promène parmi les touristes avachis et qui s’époumone à aviser son prochain : Be careful, I’m throwing mud everywhere! Ce qu’il fait effectivement avec sa petit pelle orange en puisant dans la mixture qu’il a concocté sur le rivage plus tôt, mignon bambin accroupi et gazouillant qu’il était alors.
This is America. Tout est permis et surtout, il a compris qu’il est tout puissant et que les autres n’ont qu’à bien se tenir.
mercredi 20 février 2008
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