Je ne suis pas d'un naturel nostalgique mais cette fin d'année avait de particulier que je me suis tapé quinze heures de route pour me rendre à la maison.
J'avais quitté Ottawa aux petites heures du matin et les lumières de la colline parlementaire n'avaient rien pour me mettre dans l'ambiance. Les arbres étaient décorés de super-bleu-électrique ou en rose pompon-de-petite-culotte. Je me suis demandé où étaient passés les bons vieux vert et rouge traditionnels mais je me suis dit que le parti au pouvoir avait probablement choisi de se moquer de leurs adversaires. Tout est permis en politique.
Bien vite, les yeux rivés sur la 417, de régions francophones à anglophones, je scannais d'un doigt autoguidé les stations qui semblaient être davantage dans l'esprit des Fêtes.
C'est sans doute ce fameux I'll be home for Christmas qui m'a donné le coup d'envoi et dès les premiers kilomètres, j'avais le coeur ramolli comme du sucre à la crème que ma mère dégelait pour la visite. Si j'avais été au volant d'une Chevrolet Biscayne 1962, j'aurai pu figurer dans un film américain qui traite du retour aux sources. (Avez-vous remarqué que les gens retournent toujours dans le bourgade natale au volant d'une vieille bagnole?) Mais je n'aurais pas pu scanner les stations de radio.
Mes souvenirs à moi étaient tous en français et j'ai vite dû me rendre à l'évidence que ce n'est plus très « tendance ». À Montréal, Mario Pelchat chantait un Silent Night tellement langoureux que les rois mages auraient fort bien pu être danseurs au 281 dans leur temps libre. Dans le coin de Trois-Rivières, un auditeur a téléphoné à la station pour une demande spéciale. Rapapampam qu'il voulait entendre. Au lieu de quoi il a reçu Wrap-a-pampam chanté par nulle autre que Nana Mouskouri.
À la hauteur de Québec, Éric Lapointe crachait un Frosty the Snowman sur un air heavy metal qui me faisait imaginer le fameux Bonhomme Hiver en veste et chaps de cuir. À Edmunston, dernier bastion à majorité francophone sur ma route vers Halifax, même les anges dans nos campagnes entonnaient l'hymne des cieux en anglais.
Et qu’est-ce que c’est que ces chansons – j’en ai répertoriées trois – où un certain vieux monsieur s’avance « avec sa canne dans la main » ? Soudain, j'avais une grosse envie d'entendre Omer à Adolphe chanter le Minuit Chrétiens dans l'église de mon village.
Au lieu de ça, j'ai tourné la page de l'année 2007 en écoutant le spécial Coup d'envoi du 400e anniversaire de la ville de Québec et je suis encore en train de me demander qui est le môron qui a choisi comme chanson de clôture un braillage en anglais de je-ne-sais-trop-qui. Je ne suis d'ailleurs pas trop certain que c'était de l'anglais mais chose certaine, les Québécois, eux, doivent être persuadés que c'en était.
Mais ce n'est pas la seule chose déroutante qui ait marqué l'année. Dans les dernières semaines, il m'arrivait de ne plus me très bien savoir qui était premier ministre du pays. En effet, Mulroney et Chrétien avec leur fichus bouquins étaient à la télé plus souvent qu'ils ne l'ont été lorsqu'ils étaient en poste. C'est quand même agaçant que des abrutis dont on se croit débarrassé reviennent nous hanter de leur vivant. Ils pourraient au moins avoir la décence de mourir avant, il me semble.
Heureusement, Harper s'est pointé vers minuit et une pour nous annoncer une baisse de la TPS car je ne me serais plus souvenu de lui. Il n'est pas peu fier de son huart qui fait belle figure à côté de l'aigle américain qui bat de l'aile.
La fin d’année nous amène aussi beaucoup d’images télévisuelles, toutes plus déroutantes les unes que les autres. J'étais certain d'avoir capté les Grammys ou les Oscars en voyant Paris Hilton déambuler le long d'une haie d'honneur truffée de photographes en rut. Je m'étais grossièrement gouré car elle sortait en fait de prison, où elle avait passé quelques minutes (quatre-vingt-deux exactement) pour la punir de conduite dangereuse au volant, en état d'ébriété ou autre insignifiance du genre.
La mode, chez ces célébrités américaines, est en effet aux délits de tout acabit, la plupart du temps en lien avec leur bagnole ou avec leurs enfants. Les deux sont d'un chic fou et ils ne peuvent s'en passer bien qu'ils ne savent pas trop quoi en faire par la suite. Je les soupçonne d'être tous actionnaires du National Enquirer, voilà tout.
La nouvelle francophone tente toujours d'être à la hauteur mais ce n'est pas chose facile. Britney oublie ses enfants dans son auto? Myriam kidnappe les siens. Anna Nicole Smith meurt dans des conditions suspectes? La mairesse Boucher s'éteint dans un habillement suspect. Un pont s'écroule à Minneapolis? Un viaduc s'effondre à Laval. On abolit l'esclavage? On établi une commission sur les accommodements raisonnables.
Décidément, on ne s'en laisse pas passer aussi facilement. Sur cette veine, 2008 promet et je vous en souhaite une bien bonne !
lundi 7 janvier 2008
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