Dans sa tête, des portes claquent. Des tiroirs s'ouvrent. Le contenu s'échappe dans la mêlée. Tourbillonne et s'enflamme. Elle en attrape des bribes. Les lit avant qu'elles ne s'enflamment comme le reste. Poussière.
- Je pense que je vais pleurer moi là.
De violents coups de vents s'acharnent sur les quelques photos qui restent épinglées.
- Ne me faites pas mal.
Le tonnerre secoue les murs. Des éclairs l'épuisent.
- Quand est-ce que papa va arriver?
Autour d'elle on s'affaire. On veut qu'elle soit à l'aise. On lui parle fort dans l'espoir qu'elle entende. Elle entend. Elle entend des grondements furieux, une mer déchaînée.
- J'ai mal partout en dedans.
Une voix lui dit qu'elle a des enfants. Un fils. Une fille. Elle est une enfant. Elle est toute petite, elle est fragile.
- Ça pas d'allure à deux ans. Aidez-la quelqu'un.
Tout se met à tanguer à nouveau. Cette fois, c'est un bombardement. Une avalanche de venin qui perfore des parois déjà percées.
- Sortez-moi d'ici. Quand est-ce qu'il va venir me chercher?
Je reste seul avec elle. Je ne peux pas quitter la pièce comme ça. Pas comme ça. Ce sera sans doute mon dernier souvenir. Pas comme ça.
Je lui parle tout doucement. Je l'apprivoise. J'apprivoise celle qui nous a mis au monde, qui a fait de nous qui nous sommes. Petit être humain de rien du tout, tout recroquevillé, elle se sent en confiance avec cet étranger. L'instinct de survie lui dicte quand même de se protéger.
- T'es smart toi. Je l'ai toujours su. Tu prends des décisions pis c'est les bonnes. Ça va bien aller pour toi.
Puis elle ose.
- Prends le peigne pis peigne mes cheveux.
Je prends mes doigts, je les glisse dans ses cheveux en bataille. Ils sont doux. Je le lui dis. Je lui dis aussi de se laisser aller, de prendre du repos. Je lui dis qu'elle peut partir si elle en a envie. Elle se tourne péniblement, prend la position du fœtus.
- Je suis si contente.
Je lui dis de partir, de se reposer. Je profite de l'accalmie pour quitter la pièce. Je me retourne sur le seuil. La tempête est passée.
Je pense à moi, au souvenir que je viens de créer, égoïste. Je quitte.
mardi 4 août 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire